Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE.

la cupidité ; c’étaient, à vrai dire, des voleurs qui se trouvaient volés à leur tour ; mais si le diable pouvait en rire, l’intérêt public y perdait toujours quelque chose.

À Poitiers, les trésors confisqués tombèrent entre les mains d’un ancien bénédictin de l’abbaye de Saint-Cyprien de cette ville, qui racheta du moins de regrettables faiblesses par un zèle ardent pour la conservation du butin que la nation venait de conquérir sur l’ennemi.

Les 50 000 volumes entassés dans les grandes salles du ci-devant collége des Jésuites furent triés, classés et catalogués ; et lorsque, à diverses époques et pour diverses causes, on fut obligé de vendre, au prix de 10 centimes la livre, la moitié de ces richesses, ou de restituer à quelques-uns des véritables propriétaires ce qui leur était légitimement dû, ou de composer plus tard des noyaux de bibliothèques au séminaire, au lycée et à la cour royale, ces opérations purent, du moins, se faire avec régularité.

En 1811, il fallut déguerpir de l’asile où s’était réfugiée la collection (le lycée), et ce fut alors qu’elle fut transportée dans le local qu’elle occupe actuellement ; mais, faut-il le dire ? ce déménagement ne put s’opérer qu’au prix d’une nouvelle vente de 7 290 volumes, qui réduisit le nombre des livres et manuscrits à 12 536 volumes.

La bibliothèque, définitivement installée chez elle, allait entrer dans une ère nouvelle, lorsque son conservateur, Dom. Mazet, mourut presque subitement (1818) au milieu de ses travaux, ou plutôt de ses projets de travaux, laissant son titre de bibliothécaire à un homme plein de zèle, d’ardeur et d’abnégation, M. l’abbé Gibault.

Celui-ci débuta en faisant acheter par la ville de Poitiers le cabinet et les collections de D. Mazet : c’était un trésor : car, indépendamment des manuscrits que le savant bénédictin D. Fonteneau avait recueillis pour former les éléments d’une histoire du Poitou, et qui se trouvaient au pouvoir de D. Mazet, son continuateur, ce dernier avait réuni dans son cabinet, sous le titre de Musæum Pictonicum, une collection composée en partie