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LE PALAIS.

chapelle du palais, rétablie en 1608, avec laquelle la prison était en communication, pour que les détenus pussent assister aux offices religieux.

La salle du coin, à gauche, aujourd’hui deuxième chambre civile et des appels de police correctionnelle, était le siège du présidial, jugeant tour à tour comme sénéchaussée (tribunal de première instance) et comme cour d’appel des tribunaux inférieurs du ressort.

Vis-à-vis s’ouvrait la porte conduisant à la juridiction des eaux et forêts, là où siégeait naguère le tribunal de première instance.

L’Élection, chargée de juger les questions d’impôt, tenait ses audiences dans le greffe actuel de la cour.

Quant à la juridiction consulaire, nous avons vu qu’elle avait son hôtel particulier dans la rue de la Mairie.

A l’extrémité, à droite (là où est la salle de la cour d’assises), le bureau des finances, composé des trésoriers de France, jugeait les matières financières, domaniales, etc. ; en face se trouve aujourd’hui la salle de l’ordre des avocats, corps distingué qui a toujours su conserver intacte sa renommée de science, d’indépendance et de probité, et qui la justifie par ses actes dans un temps où toutes ces grandes choses deviennent de plus en plus rares.

La face méridionale, œuvre de Jean duc de Berry, accuse bien le XIVe siècle ; ses détails sont réellement fort gracieux, et les statuettes qui entrent dans son système d’ornementation sont d’un excellent goût.

Les trois cheminées que vous voyez si largement ouvertes, et qui servaient sans doute à réchauffer la salle des gardes, laissaient échapper la fumée de leur âtre immense par trois tuyaux qui traversent en ligne droite les arcs des fenêtres ogivales.

Ces cheminées furent longtemps cachées par une cloison, et elles servaient de magasins à bois de chauffage pour la cour d’appel. Bien qu’on pût dire rigoureusement qu’elles n’avaient pas précisément changé de destination, il était à regretter que cette mutilation eût enlevé à ces monuments curieux leur véritable caractère.

Elles ont été débouchées à l’époque où, sous la direc-