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LES CORDELIERS.

jusqu’à ce que la cédule d’appel eût été restituée à l’appelant.

Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que Clément V reconnut noblement son injustice, et qu’il rendit à la mémoire du bienheureux Gauthier les honneurs d’une réparation justement méritée.

Le corps de Gauthier de Bruges avait été inhumé dans un tombeau élevé devant le grand autel. Nous avons des raisons de croire que ces précieux restes seraient facilement retrouvés, et qu’il serait dès lors possible d’en faire faire la recherche et de déposer ces cendres oubliées dans un lieu plus digne d’elles.

L’église des Cordeliers reçut, après la funeste bataille de Maupertuis-Poitiers (19 septembre 1356), les dépouilles mortelles d’un grand nombre de chevaliers et écuyers tués dans cette rude journée.

Parmi eux, nous citerons le duc d’Athènes, connétable de France ; l’évêque de Châlons, Jean de Bourbon, etc., etc. Les armoiries de tous ces nobles guerriers furent peintes en grand relief et décorèrent le funèbre asile qui n’a pas su les protéger contre le temps et l’oubli.

Avant la Révolution, on voyait au milieu du chœur un magnifique tombeau de marbre noir servant de piédestal à deux belles statues qui représentaient un comte et une comtesse de Mortemart. Cette famille avait sa sépulture dans l’église des Cordeliers. Il ne reste de ce monument que des souvenirs et un dessin déposé à la bibliothèque publique. À en juger par cette représentation, il était fort remarquable.

Si vous pénétrez dans l’intérieur de la maison no 15, à gauche, sous le porche, vous verrez la porte de l’ancienne église. Elle a conservé sa tribune, dont le cintre inférieur était fermé autrefois par un tambour en bois que nous avons vu à l’église cathédrale, dans le collatéral de gauche, et qui masque la porte donnant sortie vers le presbytère.

L’autel était à la romaine et placé en avant du chœur des moines. La boiserie qui le garnissait et les stalles