Poitiers. Gauthier de Bruges, aussi humble qu’il était savant, aussi soumis qu’il était vertueux, obéit au chef de l’Église et se retira dans son couvent des Cordeliers, à Poitiers (1305). L’année suivante, il mourut le jour de saint Vincent (1306) ; mais, avant son décès, il appela de la sentence de déposition prononcée contre lui, « à Dieu et au futur concile, et ordonna que la cédule apellatoire qu’il « avoit faicte et escrite de son appellation fust mise entre ses mains avec son « corps en sa sépulture après son trespas, ce qui fut faict ». Et eurent lieu « de grands miracles ». — V. Bouchet —
Lorsque Clément V vint à Poitiers pour y traiter avec Philippe le Bel la grande question de la suppression des Templiers, « on lui récita comme le dit feu « euesque Gautiés, duquel il veit la sépulture auoit ordonné à la fin de ses « iours...
« Le pape fut curieux de veoir laditte cédulle et commanda qu’on fist « ouverture de laditte sépulture, pour avoir la cédulle, ce qui fut faict, mais ne fut « lors possible de pouuoir retirer de la main dudit euesque laditte cédulle sans la « rompre : ce qui fut rapporté au pape. Lequel enjoignit aux messagers de faire « inionctions audit euesque trespassé, sous peine d’inobédience, de lascher « ladite cédulle, auec promesse de la remettre, après icelle leue, en sa main.
« On fist le commandement du pape, et incontinent, par miracle, ledit « euesque entrouurit la main, et lascha laditte cédulle ; laquelle fut veue et lueue « par le pape, et tantost après remise en laditte main dudit euesque qui la « resserra comme elle estoit auparauant, dont ledit pape fut fort esbahi, et non « sans cause, et dès lors fist faire vne plus honorable sépulture audit euesque « qu’elle n’estoit, et se repentit bien de lui auoir osté son éuesché. » — V. ibid. —
Un autre chroniqueur raconte que ce fut un archidiacre du pape qui fut chargé de requérir la remise de l’acte d’appel et qui le reçut en ses mains ; mais que, lorsqu’il voulut sortir du caveau, il fut arrêté par une force secrète et irrésistible qui le retint comme otage