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PORTE DE PARIS.

bergers des champs, paissant de blancs moutons : il est vrai qu’ils les tondent, qu’ils les mangent même quelquefois ; mais que voulez-vous ? jusqu’à nouvel ordre, les moutons seront tondus et mangés par les pâtureaux !… à moins qu’ils ne tondent et ne mangent les pâtureaux… Et ce devrait bien être leur tour, assurent les naturalistes de la nouvelle école. Et pourquoi pas ?

En attendant que vous soyiez mangé - car il s’agit de cela et de vous, cher lecteur, vous le savez bien — s’il vous plaît rapprocher ces Trois-Pâtureaux des Trois-Rois leurs voisins, vous trouverez dans cet ensemble une réminiscence purement religieuse des premières scènes de la vie du Sauveur auquel croyaient nos pères !

Suivons la rue de la Latte (des Orbaux en 1401, de Tranchepied en 1491, et enfin de la Latte-d’Or ou simplement de la Latte).

Voici à gauche la rue du Moulin-à-Vent, qui a sans doute pris son nom de l’enseigne d’une auberge qui existait dès 1631, époque à laquelle Abraham Golnitz, auteur d’un livre intitulé Ulysses Belgico-gallicus et publié à Leyde, passa par Poitiers et logea en cette auberge pendant trois jours.

Ce touriste hollandais nous a laissé dans son ouvrage une description de Poitiers et de ses curiosités, qui n’est pas sans intérêt. Il n’est pas toujours exact, mais il l’est beaucoup plus que la plupart des voyageurs anciens et modernes.

Il s’applaudit, comme si c’était chose extraordinaire, de n’avoir point été inquiété par les écoliers, qui alors étaient peu courtois pour les étrangers. Ils avaient, il est vrai, autre chose à faire en ce temps-là : ils se tuaient entre eux, ce qui leur fit interdire l’usage des armes.

Aujourd’hui les étudiants de Poitiers n’insultent point les étrangers, ils font très-bien ; ils ne se tuent point, ils font encore mieux.

Vis-à-vis du débouché de la rue qui a donné lieu à cette petite digression, se trouvait une maison particulière où était logée, avant la Révolution, la Maréchaussée. Cette gendarmerie d’alors n’avait point à cette époque