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XVI
AVANT-PROPOS.

détails, qu’il n’est presque pas une seule page de mon livre d’aujourd’hui qui ne porte l’empreinte de changements considérables de nature à constituer, en fin de compte, un remaniement complet de l’œuvre passée, afin qu’elle se trouvât en harmonie avec les réalités du présent.

J’avoue que le fond est absolument le même ; les irrégularités de forme échappées à la rapidité d’une véritable improvisation, les réflexions que suggéraient les événements du jour tombé désormais dans l’oubli des temps, ont seules disparu, et, pourtant, ce n’en est pas moins un livre assez neuf pour offrir, je le crois sincèrement, quelque intérêt à ceux-là même qui possèdent, non pas son frère jumeau, mais son aîné.

Et maintenant, au moment où il va se lancer dans la carrière toujours périlleuse de la publicité, il ne me reste plus qu’à lui dire :

« Tu vas affronter l’espace et les dangers, mais non pas à ces hauteurs « inaccessibles où place, au sein de la nue qui le protège contre d’impuissantes « menaces, le roi des airs ; toi, tu n’es qu’un tout petit oiseau dont la vie « éphémère doit se passer à voleter timidement et terre à terre, à la portée facile « du plomb meurtrier. 

« Ah ! puisse-t-il t’épargner comme il épargna ton frère, et ne pas « condamner mes yeux à te voir rentrer au nid paternel, l’aile brisée, dès ton « premier vol, par l’arme dangereuse qui ne peut atteindre les aigles et qui tue « les petits oiseaux ! »

CH. DE CHERGÉ.

Saint-Hilaire (Indre), 18 août 1867.

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