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HÔPITAL GÉNÉRAL.

prudemment bannir. Oui, c’est bien à ces enseignements corrupteurs que la société doit les périls dont les plus aveugles ont pu entrevoir l’effrayante réalité au travers d’horribles lueurs : car

Si la capitale embrasée,
Des restes du pétrole est un hideux musée,
De ce crime nouveau, ses murs accusateurs
Ont dénoncé les vrais auteurs.

Hôpital général. — Nous apercevons devant nous un bâtiment assez régulier. Une niche avec une statue de Saint décore sa façade, sur laquelle on lit encore ces mots : Hôpital des Religieux de la Charité.

C’était là, en effet, que les Religieux de cet Ordre recevaient, avant la Révolution, les hommes malades et les aliénés. Réuni à l’hôpital général pendant la Révolution, cet établissement n’en forme plus qu’un avec lui. Cet hospice, immense par l’étendue de ses bâtiments construits pêle-mêle, sans goût et sans aucun plan arrêté, n’offre rien qui puisse exciter votre curiosité. Il est desservi par les Sœurs de la Sagesse, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, par des élèves internes, infirmiers et gens de service. On peut y admettre près de 600 malades.

Les aliénés reçoivent les soins qu’exige leur état dans un corps de bâtiment séparé.

Dans le principe, l’hôpital général était ce que l’on pouvait appeler un simple dépôt de mendicité pour les pauvres infirmes, qui fut établi en 1657 à l’Hôpital-des-Champs, en attendant qu’on eût un local suffisant. Les bâtiments de l’hôpital général ne furent construits qu’en 1680, vingt-trois ans plus tard. Des demoiselles séculières soignaient et surveillaient les pauvres, que l’on faisait travailler à des ouvrages de laine. Les femmes aliénées y étaient admises, mais dans des bâtiments peu vastes et fort incommodes.

De précieux souvenirs religieux se rattachent à cet établissement. Le Père Montfort (Louis Grignon de la Ba-