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MONTIERNEUF.


La nef actuelle n’a point la longueur que le plan primitif lui assignait ; elle s’étendait de trois travées encore sur la place actuelle qui la précède ; mais les ravages des protestants forcèrent l’abbé Rousseau de la Parisière à faire abattre, vers 1640, ces trois travées et la façade, qui furent remplacées par le pignon et le portail grec que l’on voit aujourd’hui. — Nous ne savons quelle était la façade antique, qui ne put être achevée par le fondateur, dit l’histoire ; mais nous sommes sûr qu’elle valait mieux que celle de M. de la Parisière.

L’écusson qui brille au-dessus de ce portail appartient à la restauration de 1817, dont nous parlerons bientôt. Il représente les armoiries de M. du Hamel, alors préfet de la Vienne, allié à l’illustre famille poitevine des Chasteigner.

Un clocher flanqué de quatre clochetons surmontait le dôme surbaissé qui domine le grand autel ; il s’écroula après la Révolution, et endommagea par sa chute l’édifice entier.

Pendant la Terreur, Montierneuf avait servi à des usages ignobles : ses voûtes avaient retenti d’un bruit tout nouveau pour elles : les hennissements des chevaux et les blasphèmes des soldats qui les gardaient avaient remplacé, en ces jours néfastes, la prière qui ne faisait plus résonner les échos profanés du saint lieu. — 1870 a revu, hélas ! quelque chose de ces tristes scandales heureusement plus passagers, mais dont le souvenir restera quand même.

Mais, après l’orgie, lorsque, à la voix puissante de Napoléon Ier, les exilés revirent le sol de la patrie, le Dieu qui avait été exilé comme eux fut officiellement rappelé dans ses temples.

Montierneuf, sauvé de la destruction par les soins de son curé, M. l’abbé Sabourain, fut restitué, non sans peine, au culte catholique, car il fallut la persévérante ténacité de M. le préfet du Hamel pour arracher au ministère de la guerre le beau magasin à fourrages, qu’il disputa pied à pied aux justes exigences du culte et de la religion ; et pourtant c’était en pleine Restauration et sous un