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ÉGLISE SAINT-PAUL.


En continuant à suivre la Grand’Rue, nous trouvons sur notre gauche une sorte de ruelle étroite, du nom de Montgautier. C’est Montgauguier qu’il faudrait dire. Elle s’appelait autrefois de Saint-Léger, du nom d’une église placée sous ce vocable (Saint-Léger ou Liguaire, S. Leodegarius, prieuré existant dès 1123), et qui y était située ; mais un commandeur de l’Ordre de Malte, le commandeur de Montgauguier (cette commanderie était située dans le canton actuel de Mirebeau, Vienne), étant venu y habiter, la rue prit le nom de cet hôte important, et la corruption du langage en a fait la rue de Montgautier.

Église Saint-Paul. — Si vous aviez la curiosité de pénétrer jusqu’à l’extrémité, vous déboucheriez dans la rue Saint-Paul, appelée, pendant la Révolution, rue Las-Caze ; puis dans une ancienne impasse, aujourd’hui rue Neuve-de-Saint-Paul, et là vous trouveriez à gauche une grange qui fut autrefois la petite église paroissiale de Saint-Paul.

Saint-Paul fut primitivement une abbaye dont la fondation est absolument inconnue, et qui fut possédée par les comtes de Poitou. Le plus ancien des titres qui la concernent est du mois de mars 924. Ebles en était abbé, et le comte Ebles le Manzer y stipula en son nom avec l’abbé de Nouaillé.

Plus tard, lorsque Guillaume IX, comte de Poitou, duc d’Aquitaine, eut fondé l’abbaye de Montierneuf, Saint-Paul devint presque aussitôt un prieuré de la nouvelle abbaye, du consentement d’Isembert II, evêque de Poitiers, car Saint-Paul relevait en fief du siège épiscopal.

Avant la Révolution, c’était une paroisse comptant 500 communiants, et, dans les derniers temps, on avait conservé la mémoire d’un curé de Saint-Paul, dont les sermons produisaient sur ses auditeurs la plus vive impression. On citait entre autres un sermon sur la mort, prêché pendant les Quarante Heures, dont l’effet avait été tel, que les auditeurs épouvantés se dressèrent sur leurs bancs avec un frémissement de crainte irrésistible.