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LES CARMES.

Revenons maintenant sur nos pas, repassons le pont Joubert, et remontons la rue Saint-Michel.

Les Carmes. — Nous trouvons à droite la rue des Carmes, laquelle doit son nom au couvent des Religieux de ce nom, qui fut fondé, vers le milieu du XIVe siècle, par Guillaume Felton et par le fameux Jean Chandos, grand sénéchal du Poitou sous la domination anglaise, l’un des généraux les plus distingués du roi Édouard et rival de l’illustre du Guesclin. Cette fondation avait été faite, au dire d’un auteur, en 1367, en action de grâce du gain de la bataille de Mautpertuis (bataille de Poitiers, 1356).

Avant la Révolution, on voyait dans les cloîtres les armoiries des fondateurs, et au-dessus l’inscription suivante :

monsou guille de felton,
monsou jehan chandos,
fondeurs de cette église et de ce lieu

(Les armes de Jean Chandos sont d’argent au pal aiguisé de gueules.)

On pénétrait dans l’église et dans les cloîtres par deux portes différentes suivies de plusieurs marches. L’église, sous le vocable de Notre-Dame, était assez grande, mais n’avait rien de remarquable. De la chapelle de la Vierge on sortait par une porte suivie d’une ruelle qui conduisait à la rue Saint-Michel. Elle existe encore.

L’église était ornée d’un orgue, et le chœur des Religieux, placé dans les étages supérieurs du couvent, communiquait avec l’église par deux grandes fenêtres garnies de grillages à gauche du sanctuaire. Les maisons, à partir du no 25 en remontant, ont remplacé le couvent, entièrement détruit par la Révolution.

À cette époque, il comptait huit Religieux sous la direction d’un prieur : on les saluait du titre de Pères, et plusieurs étaient des prédicateurs goûtés du public. Le couvent des Carmes était affilié, comme ceux des Cordeliers, des Augustins et des Minimes, à l’Université.