Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
SAINTE-RADÉGONDE.


A leur sommet apparaissent encore les restes mutilés des anges qui servaient de tenants à l’écu royal de France, et des lions accroupis, symbole de la juridiction interleones qui s’exerçait sur ce siège de pierre taillé dans l’épaisseur du mur, en face du portail. Nous avons déjà parlé de ce symbole à l’article de l’église de Saint-Pierre, et nous en avons vu l’application et l’explication à propos de l’église de Saint-Porchaire, p. 54.

Le style de la tour du porche, si remarquable par la pureté de ses formes et par sa conservation, justifie les textes historiques : il répond en effet au XIe siècle, et sa partie supérieure, qui est octogone, semble refléter les traditions byzantines.

Le portail, qui a été en quelque sorte plaqué à la base de la tour, dénote le faire du XVIe siècle par la forme des ogives, par ses balustres à jours et par les arêtes prismatiques de ses enroulements sculptés en relief.

Ainsi, lorsqu’en 1562, la fureur des protestants se ruait sur ces sculptures à peine achevées, c’était l’œuvre d’hier, l’œuvre des mains de quelques-uns d’entre eux peut-être, qu’ils mutilaient lâchement.

Il est à désirer, bien que ce portail ne soit pas à sa place, qu’il puisse être restauré, à moins qu’on ne le fasse disparaître pour lui restituer son style primitif.

Dans la nef, on doit admirer l’ampleur que donnent au temple l’absence des bas-côtés et la hardiesse de ses voûtes élancées. Cette ampleur a été augmentée encore par la restauration de 1849, restauration si vivement provoquée depuis longtemps (1839) par nos écrits, et qui a placé l’autel au-dessus de la crypte, sous la voûte de l’abside, entre les colonnes historiées et armoriées dont on a fait revivre les couleurs et les formes.

Au temps du Chapitre, le chœur des chanoines était isolé au milieu de l’église, qu’il encombrait littéralement de ses murailles élevées, garnies intérieurement de boiseries et de stalles. Il se terminait du côté de la nef par un jubé.

L’autel de la paroisse, laquelle comptait 1,500 com-