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SAINTE-RADÉGONDE.

la débarrasse au moins promptement de ses hôtes incommodes ?

Sainte-Radégonde. — Revenons maintenant sur nos pas, puis, au débouché du pont Neuf, suivons, à droite, cette rue en zigzag qui se nomme rue des Carolus. Si nous avions le temps d’explorer les maisons qui bordent cette ligne, nous y trouverions les traces incontestables de l’enceinte romaine. Leur existence continue les données historiques relatives à la construction de l’église qui s’offre à nos regards, c’est l’église de Sainte-Radégonde.

Bâtie vers 560 par l’épouse du roi Clotaire, en dehors de l’enceinte de Poitiers, sous l’invocation de la Mère de Dieu, elle fut appelée, pour ce fait, Sainte-Marie-Hors-des-Murs. Elle fut, dès le principe, destinée aux clercs qui desservaient le monastère de Sainte-Croix, fondé, comme nous l’avons vu, peu auparavant par la reine lorsqu’elle quitta son royal époux pour se consacrer à la vie religieuse.

Cétait en raison de cette origine que, jusque dans les derniers temps, le prieur, dignitaire le plus élevé du Chapitre, était à la nomination de l’abbesse de Sainte-Croix.

Ce chapitre ne passait pas pour être très-accommodant : c’est ce qu’indique au moins l’épithète de chicaneurs accolée par la malice populaire au nom de ses membres.

Lorsque le tombeau de sa fondatrice eut été déposé dans l’église, elle s’agrandit et fut enfin placée sous le vocable même de la sainte reine.

Ravagée pendant les invasions successives des Sarrasins et des Normands, et pendant les luttes dont l’Aquitaine fut le théâtre sous le roi Louis le Débonnaire (IXe siècle), elle avait reçu en 838 la dépouille de Pépin Ier, roi d’Aquitaine, mort à Poitiers le 13 décembre.

Pendant cette triste période de nos annales, le précieux dépôt qu’elle renfermait avait été soustrait à la fureur de l’ennemi et caché dans les profondeurs de la crypte, où