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LE PONT NEUF.

résume en quelques mots l’histoire de ce monument ; la voici :

l’an mil sept cent soixante dix huit,
sous le règne de louis seize, a été
commencé ce pont, aux frais des
habitants de la ville, sous l’autorité
de monsieur de la bourdonnaye, comte
de blossac, intendant de la province ;
sous l’administration de monsieur léonard
françois xavier pallu du parc, maire ; sous
la direction de monsieur barbier, ingénieur
en chef, par le sieur callet, entrepreneur.
l’an mdcclxxviii.

Du haut de cet observatoire notre œil embrasse un gracieux horizon. Là s’encadrent à gauche la vénérable basilique dédiée à sainte Radégonde, patronne de Poitiers, avec son abside romane, sa nef reprise à plusieurs fois, sa tour élégante et sa flèche aiguë, destinée à recevoir les petites cloches appelées primes ; puis ce dôme tout moderne qui abritait naguère les pieuses Filles de Notre-Dame, lorsque, dans leurs modestes débuts, elles étaient réduites à se contenter de la demeure des prieurs de Sainte-Radégonde ; à droite, sur l’autre rive, c’est une longue et abrupte ceinture de rocs escarpés parmi lesquels vous remarquerez sans doute ce bloc qui se dresse à pic, semblable à un menhir druidique : c’est la Roche de Coligny, la cuirasse de l’amiral, à l’abri de laquelle le chef des protestants disposait, pendant le mémorable siège de 1569, ses attaques et ses batteries impuissantes.

C’est bien là encore le cours un peu trop calme de notre Clain que menacent d’expulser de son lit séculaire des joncs envahisseurs. La pacifique rivière ne semble-t-elle pas, suppliante, tendre vers vous ses bras desséchés, pour vous demander de joindre vos instances aux nôtres, afin que si sa canalisation, dont on parle depuis des siècles, ne devient pas bientôt une vérité, on