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LA MANDILLE.

avoir été reléguée dans divers lieux indignes d’elle, figura pendant quelques heures dans un musée, et fut réclamée par l’autorité ecclésiastique, qui lui accorda un refuge honorable dans la bibliothèque du grand-séminaire.

Là, le poitrail du monstre déchu étale aux yeux le nom




de son auteur, la date de son exécution, sa croupe impuissante, son dard inutile, et c’est en vain, croyons-nous, que sa gueule, insatiable autrefois, attend depuis de longues années sa pitance des temps passés. Elle la trouverait difficilement, même une fois par an, dit-on, dans les reliefs des friandises qui surchargent rarement la table de ses nouveaux hôtes.

La Mandille. — C’est ici le lieu de parler d’un usage qui a certains rapports avec la procession de la Grand’Gueule : nous voulons parler de ce qu’on appelait à Poitiers la Mandille.

Dans diverses solennités, avant la Révolution, et surtout au jour de la procession du vœu de Louis XIII, qui avait lieu en l’honneur de la sainte Vierge, le 15 août, deux représentants des corps de métiers, qui étaient alors officiellement constitués en corporations légales ayant le nom de maîtrises, se mêlaient au cortège, vêtus de costumes taillés sur des patrons fort étranges, rappelant les