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ÉGLISE CATHÉDRALE DE SAINT-PIERRE.

prince des apôtres, dont les restes précieux, déposés dans un reliquaire magnifiquement décoré, sont exposés à la vénération des peuples, que représente assurément cette foule d’hommes et de femmes dans l’attitude de la prière.

Peut-être ce reliquaire reproduit-il même la figure de la châsse d’or massif, ornée de pierreries, donnée à l’église cathédrale par Jean de Berry, comte de Poitou, et où était renfermée une partie de la barbe et de la mâchoire du saint apôtre, relique précieuse que la tradition disait apportée de Rome par saint Hilaire lui-même, et qui joue un rôle important dans l’histoire de la cathédrale. C’était sur cette châsse que les évêques prêtaient serment au jour de leur installation solennelle.

Comme dans le portail précédent, le sommet de chaque voussure est décoré d’un buste du Christ vers lequel se portent les regards de cinquante-deux personnages placés sous de gracieux dais sculptés à jours. Ces personnages représentent les vierges sages et les vierges folles, de saints guerriers, de pieux évêques, et enfin des anges, aux ailes à demi-déployées.

Il y a dans ces trois compositions d’un genre différent, et dont quelques parties ne sont peut-être pas dues au même ciseau, une verve, un entrain, un mouvement remarquables, et ces qualités, réunies à un sentiment profondément religieux, sont plus que suffisantes pour racheter des défauts qui, du reste, sont dus à l’influence irrésistible des traditions artistiques et même des intentions préexistantes, auxquelles l’imagier ne pouvait guère se soustraire.

Et puis figurez-vous cet immense bas-relief rehaussé d’or et de pourpre étalant aux rayons du soleil les couleurs les plus brillantes, reflétant les splendeurs étincelantes du ciel, les noires profondeurs des enfers ; ajoutant par les puissants contrastes du coloris aux reliefs de la sculpture, et vous aurez une juste idée de l’effet que devaient produire sur les imaginations et les cœurs ces œuvres nées du catholicisme, et que le catho-