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ÉGLISE CATHÉDRALE DE SAINT-PIERRE.

sur le sol français, notre cathédrale, privée de son pontife et de ses prêtres exilés, verra s’élever sous ses voûtes l’autel de la religion philosophique.

Dépouillée de ses ornements, de ses tombeaux profanés, elle deviendra tour à tour salle décadaire, temple de la Raison, lieu de réunion des assemblées civiques ; sa démolition sera proposée, et elle échappera comme par miracle au sort qui a frappé tant de monuments remarquables.

Puis, lorsque le calme aura succédé à la tempête, lorsque de meilleurs jours brilleront sur la France, elle sera rendue au culte du vrai Dieu ; et lentement, à raison de l’étendue des maux soufferts et de la pénurie des ressources pour y apporter remède, elle reprendra sous l’administration de pieux pontifes, sinon sa splendeur primitive, du moins cette noble simplicité qui en fait l’un des temples les plus majestueux du Très-Haut.

Et maintenant que nous savons l’histoire du temple saint, ses vicissitudes diverses, ses jours glorieux, ses jours de deuil, nous pouvons désormais procéder à l’examen matériel de ses diverses parties.

Mais, auparavant, nous ferons ensemble, si vous le voulez bien, cher lecteur, ce que nous pourrions appeler un petit voyage autour de lui. Laissons, pour le moment, sa façade ; nous y reviendrons.

Voici, à gauche, vers le transsept, sous cet auvent maussade, une porte latérale : approchons-nous, c’est la porte Saint-Michel.

Cette porte, qui s’appelait ainsi parce qu’elle donnait entrée au clergé de la paroisse de ce nom, dépendante du Chapitre, fut, pendant les longues années qui s’écoulèrent avant l’achèvement de l’édifice, la principale porte ; elle dut être dès l’origine, et par ce motif sans doute, décorée de tout le luxe de sculpture que vous voyez déployé sur ses chapiteaux.

À droite, c’est la Salutation angélique, l’Adoration des Mages, la Visite de la Vierge à sainte Élisabeth.

A gauche, Hérode reçoit les Mages ; le diable essaye d’atteindre, en se glissant le long du siège royal, jusqu’à