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ÉGLISE CATHÉDRALE DE SAINT-PIERRE.


Dans les siècles suivants, de nombreux priviléges et des dons précieux rehaussent l’importance de la cathédrale. Des orgues, une horloge, un vaste jubé, une sonnerie puissante, des fresques, des peintures historiées, de riches ornements d’or et de soie, des vases sacrés d’un goût exquis, des reliquaires vénérés, des stalles et boiseries gracieuses, des chapelles multipliées, des sépultures épiscopales, avaient ajouté à la magnificence et à la pompe toute particulière du culte qui faisait de cette église le plus remarquable de nos temples.

Mais voici venir les hordes du comte de Sainte-Gemme et leurs sanglants exploits.

A défaut de l’inventaire des trésors des églises, que le chef des impies gascons avait réclamé, ses satellites se chargent de le dresser eux-mêmes, et bientôt (les 27 et 28 mai 1562), orgues, horloge, jubé, sonnerie, stalles, riches ornements, vases d’or et d’argent, vitraux scintillants, archives importantes, tout sera pillé, brisé, brûlé, fondu.

Examen fait des pertes matérielles éprouvées dans ces jours néfastes, il sera reconnu qu’elles s’élèvent à la somme, énorme pour ce temps-là, de 50 448 livres 10 sols, ce qui équivaudrait à peu près à 176 568 fr. 50 c. de notre monnaie.

Après cette triste épreuve, la désolation régnera pendant longtemps dans le temple du Seigneur ; puis de nouvelles craintes saisiront les cœurs lorsque les boulets de l’amiral de Coligny (1569) prendront pour point de mire le chevet, les combles, les tours de la vaste cathédrale, craintes bientôt dissipées au chant de l’hymne d’actions de grâces qui retentira sous ses voûtes sauvées.

Alors, la cathédrale oubliera peu à peu ses désastres passés, mais les embellissements qu’elle recevra ne seront pas toujours heureux. Le goût du XVIIe et du XVIIIe siècle y appliquera son cachet, fort triste souvent sous le rapport de l’art, et fort peu convenable aussi au point de vue religieux.

Puis, lorsque la Révolution jettera sa lave brûlante