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TEMPLE SAINT-JEAN.


Nous inclinons donc vers l’opinion des écrivains qui voient dans le temple Saint-Jean un monument construit près de l’église cathédrale (qui a toujours été placée où elle est aujourd’hui), consacré dès son origine au culte chrétien, à la cérémonie du baptême par immersion, et plus tard par infusion, un baptistère enfin.

La piscine octogone, la tradition, le nom du Saint sous le vocable duquel il se trouve placé, l’absence de preuves positives pour justifier qu’à une époque reculée on y ait fait déposer l’inscription funéraire de Claudia Varenilla (que nous y avions fait transporter en 1836 seulement, de la cathédrale où elle se trouvait alors), tout semble concourir à démontrer la justesse de cette attribution.

Loin d’avoir rien à changer au texte qui précède, et qui est celui de notre première édition, nous devons déclarer au contraire, et non sans une certaine satisfaction qui sera comprise des lecteurs, que les travaux importants faits en vue de la restauration du monument depuis que nous écrivions ceci, ont complètement justifié nos appréciations.

Ces travaux, en effet, nous ont livré, dans les entrailles mêmes du sol, au nord et au sud, les fondations de ce que nous ne pouvons appeler d’un autre nom que du nom d’absidioles, et les restes du béton et des mosaïques formant le pavage intérieur primitif, et dépassant du côté de l’ouest les arcades bâties du Xe au XIe siècle, et par conséquent le quadrifrons. Ces travaux nous ont offert les traces de maçonnerie gallo-romaine le long du mur de ce pronaos ; ils ont mis à nu le canal qui, du côté de l’Ouest, conduisait dans la piscine l’eau du baptême, et celui qui lui servait à l’Est de décharge, — N’est-ce pas, dès lors, une question désormais jugée, non point par nous, mais par les faits ?

Oui, c’est bien là le plan chrétien complet, avec son symbolisme, avec son orientation liturgique, avec tous ses caractères religieux irrécusables, et que seuls pourraient nier, à l’avenir, ceux qui n’auraient pu voir ce que nous voyons.