Page:Cherbuliez - Le comte Kostia (7e édition).djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée
11
LE COMTE KOSTIA

répondit-il en riant à Mme Lerins, j’en ramasserai soigneusement tous les morceaux, je vous les rapporterai, vous les rejoindrez, et vous m’en ferez un cœur à peu prés neuf. »

Huit jours après, il était en route.


II

À Cologne, Gilbert s’embarqua à bord d’un bateau à vapeur pour remonter le Rhin jusqu’à dix ou douze lieues en amont de Bonn. Vers le soir, un brouillard épais s’étendit sur le fleuve et ses rives. On dut jeter l’ancre et demeurer en panne toute la nuit. Ce contre-temps rendit Gilbert mélancolique ; il y retrouvait une image de sa destinée. Il avait, lui, aussi, un courant à remonter, et plus d’une fois un triste et sombre brouillard était venu lui dérober la vue de son chemin.

Au matin, le temps s’éclaircit, ; on leva l’ancre, et à deux heures après midi Gilbert débarquait à une station distante de deux lieues du Geierfels. Il n’était pas pressé d’arriver. Bien qu’il fût « né tout consolé, » comme le lui reprochait quelquefois M. Lerins, il redoutait le moment où les portes de sa prison se refermeraient derrière lui, et il était disposé à jouir pendant quelques heures encore de sa chère liberté. « Nous allons nous quitter, lui disait-il, prenons du moins le temps de nous faire nos adieux ! »

Au lieu de louer une voiture pour transporter sa personne et ses effets, il consigna ses malles chez un commissionnaire qui s’engageait à les lui expé-