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LE ROI APÉPI

gourmander, la renvoyer bien loin, on finissait toujours par l’écouter, attendu qu’on s’en était toujours bien trouvé. C’était par son conseil qu’au moment propice on s’était brouillé, puis réconcilié avec M. Corneuil ; c’était grâce à ses précieuses directions qu’on avait pu tenir un salon à Paris et y devenir quelque chose. Mme Corneuil régnait, en définitive c’était Mme Véretz qui gouvernait, et, il faut le dire, elle n’avait jamais en vue que le bien de sa chère idole. Nous avons tous des pensées confuses, que nous avons peine à débrouiller, et des désirs cachés, que nous n’osons pas nous avouer. Mme Véretz avait le don de deviner sa fille, de lire dans tous les replis de son cœur ; elle se chargeait de débrouiller ses pensées confuses et de lui révéler ses désirs inavouables en les prenant à son compte. C’était le secret de son influence, qui était considérable. Quand l’imagination de Mme Corneuil voyageait, cette mère incomparable partait la première en courrier ; en arrivant à l’étape, la belle voyageuse y trouvait des chevaux de relais tout préparés et elle savait gré à Mme Véretz de lui ménager d’agréables surprises. Aussi se serait-elle gardée de s’embarquer dans aucune aventure sans son courrier, à qui elle avait l’obligation de n’être jamais restée en chemin.