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Le marquis se leva brusquement, en s’écriant :

« Horace, mon héritier et mon petit-neveu, viens dans mes bras ! »

Et comme Horace, immobile, le regardait d’un air interdit :

« Faut-il te le répéter ? Viens dans mes bras, continua-t-il, je suis content de toi. Vrai, ta passion me rajeunit. J’aime la jeunesse, l’amour et la candeur. Je croyais que tu n’avais pour cette femme qu’une fantaisie, un caprice de tête, je vois que ton cœur est pris, et on ne peut mieux faire que d’écouter la voix de son cœur. Pardonne-moi mes sottes questions et mes objections impertinentes. Ce que j’en ai dit, c’était pour l’acquit de ma conscience. Ta mère m’avait fait ma leçon, je l’ai répétée comme un perroquet. Il ne faut pas leur en vouloir à ces pauvres mères ; leurs scrupules sont toujours respectables. La tienne…

— Oh ! vous touchez là à l’endroit sensible et douloureux, interrompit le jeune homme. Mais je saurai bien la ramener, je lui écrirai dès demain.

— Encore un coup, n’écris pas ; ta prose n’a pas le don de lui plaire. Mais elle a beaucoup de confiance en moi. Ma parole aura du poids. Mon fils, me voilà tout prêt à passer à l’ennemi ; si l’aimable