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LE JARDIN PARFUMÉ

la femme de l’écrivain ; celle-là la femme du petit ministre ; celle-là la compagne du chef des muphtis et celle-là la femme du gardien du trésor.

— Et les autres ? reprit le Sultan.

— Ce sont des invitées ou des femmes enlevées ; l’une d’elles a été amenée ici par une vieille caouada pour les plaisirs d’un nègre. C’était la maîtresse d’Omar.

— Et à qui appartient-elle ?

— À l’amine des marchands.

— Et ces jeunes filles, qui sont-elles ?

— Celle-ci est la fille du secrétaire du trésor ; cette autre est la fille du Caïd de la Caba ; après vient la fille du Mohatssib et plus loin la fille de l’amine des crieurs. Puis la fille du chef des Ulémas.

Et elle ne s’arrêta que lorsqu’elle les eut toutes désignées.

— Et comment se fait-il que tant de femmes se trouvent ainsi réunies dans ces lieux ?

— C’est le besoin de luxe, de beaux vêtements, de perles et de bijoux qui les amène ; et aussi le désir de niquer avec des hommes dont le tota, toujours en l’air, ne tombe qu’au moment où ils s’endorment.