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LE PARFUM DES PRAIRIES

— Alors, marchez, fit le Sultan, et que Dieu nous aide !

Ils chevauchèrent longtemps, faisant le tour de la ville, et ils allaient s’enfoncer dans un chemin creux, quand ils entendirent tout à coup une voix humaine. Les premiers de la troupe se dirigèrent du côté où se faisait le bruit et virent bientôt un homme ivre qui trébuchait et se frappait la poitrine avec des pierres. Cet ivrogne, qui se parlait à lui-même, disait : Mais il n’y a donc pas sur cette terre un bon Musulman qui préviendra le Sultan de ce qui se passe si près de son palais ! Il n’y a donc pas de justice, ni ici, ni au ciel ! Enfin il était furieux, et son cœur était noir comme la nuit.

Le Sultan commanda à l’un de ses officiers de lui amener ce criard.

— Prends-le doucement par la main, dit-il, ne l’effraie pas, afin qu’il s’approche sans crainte. Avant de l’aborder, ne manque pas de le saluer, car un musulman qui parle à un homme sans lui souhaiter le bien, semble lui montrer qu’il lui veut du mal.

Quelques instants après l’officier amenait l’homme vers le Sultan qui cachait le bas de sa