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LE PARFUM DES PRAIRIES

créature terrible qui, tout d’abord, lui causa une grande frayeur. Mais peu à peu il reprit courage et, subjugué par cette figure qu’il redoutait quelques instants auparavant, il se prit à l’embrasser jusqu’à ce que sa maîtresse perdît ses sens.

Cependant un léger balancement de son corps et des soubresauts nerveux montraient que la vie ne s’était pas retirée de ses chairs d’ivoire.

Baboul l’appelle :

— Qu’as-tu, dit-il, ma bien-aimée ? Reviens à toi.

— Va-t-en, méchant ! (bon cahaba), répondit-elle, je suis comme un cavalier démonté par un cheval fougueux ; tes paroles m’ont séduite, comme elles séduiraient toutes les femmes, même les plus honnêtes. Tes chansons m’ont rendue folle, j’ai soif d’amour. Prends-moi, je veux être à toi ; mais dépêche, le soir va venir, je crains la rentrée de mon mari ; et pourtant le moment de jouir est arrivé.

— Hélas ! reprit Baloul, qui avait son projet, je crains bien de n’avoir plus d’eau pour faire l’amour avec toi ; mais viens sur ma poitrine et fais ce que tu voudras.

Il était couché sur le dos dans la position que