Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
LE PARFUM DES PRAIRIES

triment de sa pureté, dès qu’il est livré à un nouveau copiste.

Il n’est pas douteux que ce fait se soit produit pour le Cheikh Nefzaoui. Nos trois textes et celui sur lequel a travaillé le traducteur offrent, en effet, des dissemblances frappantes et de tous les instants, quoique, soit dit en passant, celui de la traduction semble se rapprocher davantage, comme style, du texte étendu dont nous venons de parler. Mais une question d’un autre ordre vient se poser à nous à propos de ce dernier, qui renferme plus de quatre fois la matière des autres. Est-il en entier l’œuvre du Cheikh Nefzaoui, ayant subi toutefois les modifications auxquelles ne peuvent échapper les manuscrits, et constituerait-il alors un ouvrage à part, à l’usage des raffinés, tandis que les autres ne seraient qu’un abrégé, un ouvrage élémentaire à l’usage du vulgaire ? Ou bien ne serait-il que le produit d’additions nombreuses faites successivement à l’ouvrage et qui l’auraient grossi au point de lui donner l’importance que nous constatons ?

Nous n’hésitons pas à nous prononcer pour la première de ces hypothèses. Le Cheikh, dans l’historique qu’il en fait, raconte que son ouvrage est le second de son espèce qu’il compose et qu’il n’est autre que le premier, intitulé le Flambeau de l’Univers, considérablement augmenté sur les conseils du vizir Mohammed ben Ouana ez Zouaoui. Ne serait-il pas possible qu’un troisième ouvrage, plus complet encore que le second, et dans le même goût, eût été le résultat de nouveaux travaux de notre auteur ?