Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
LE JARDIN PARFUMÉ

Repasse, écho plaisant, par sa bouche céleste,
Comme ferait du sel dans l’or, sans le souiller.

III

Ah ! vive un sol semé de biblique légende,
Où chante encor la voix qui dit : Multipliez !
L’être y naît le front libre et les pieds déliés ;
La vie ouvre pour lui son aile toute grande.

Dieu marche, plus visible et plus près du banni,
Dans l’immense désert que le désert allonge ;
L’horizon n’est borné que par notre mensonge,
Et c’est l’homme qui cache à l’homme l’infini.

La Mère-solitude est la beauté sans gaze
Qui livre à son enfant son sein en plein soleil,
Et le berçant tout nu du bout de son orteil,
L’éveille d’un sourire et l’endort d’une extase.

Sous le figuier des puits le bonheur est caché ;
La brune Rebecca vient y puiser encore
L’eau vive qu’elle verse en inclinant l’amphore,
Aux lèvres de l’amant à ses genoux penché.

Il se tient dans les plis de la tente nomade,
Dans les jarrets d’acier du svelte mehari,
Dans le lait des troupeaux qui n’est jamais tari,
Et dans le sang du cœur qui n’est jamais malade.