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LE JARDIN PARFUMÉ

Ses accointances avec les femmes, qui se le disputaient, étaient nombreuses, d’autant mieux que sa façon était si bonne, que celles qui l’avaient connu ne pouvaient plus en voir d’autres.

Il avait l’habitude déplorable, selon les maris, mais excellente selon lui, de niquer les dames de tous ceux qui l’appelaient pour les amuser. Personne n’était exempt de ses mauvais tours, ni vizir ni sultan. Malgré cela, ou plutôt à cause de cela, sa réputation croissait tous les jours.

Dans ce monde vicieux l’on fait grandir les mauvais, tandis que les bons pourrissent dans leur triste sphère.

Le proverbe dit ainsi :

Dans cette vie les gens de bien croupissent,
Mais les méchants grandissent toujours.
Celui dont la mère était cahabah,
Dont le fils est encore zamel,
Qui est caouëd depuis sa naissance,
Sera puissant parmi les hommes jusqu’à ce que Dieu fasse justice.

Djady était amoureux d’une femme grande et belle, dont la taille était superbe, malgré son embonpoint. Son zouque, semblable à celui dont