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que pour trois motifs : le premier, c’est que j’étais à ce moment comme une jument en chaleur ; le second, c’est qu’Eblis avait fait arriver l’excitation dans mes parties naturelles, et enfin le troisième, parce que je voulais calmer le nègre et lui faire prendre patience, afin qu’il m’accordât quelque délai et me laissât en paix jusqu’à ce que Dieu m’eût délivrée de lui. »

Le roi dit : « Tu as parlé sérieusement ? » Elle garda le silence. Le roi s’écria alors : « ô Beder el Bedour, à toi seule il sera pardonné ! » Elle comprit que le roi ne voulait faire grâce qu’à elle de la mort. Puis il la prévint qu’elle devait garder le secret et qu’il désirait partir.

Toutes les femmes et toutes les vierges s’approchèrent alors de Beder el Bedour et l’implorèrent en disant : « Intercède en notre faveur, car tu as tout pouvoir auprès du roi », et elles pleuraient sur ses mains et se tordaient de désespoir.

Beder el Bedour rejoignit alors le roi qui se retirait, le ramena et lui dit : « Ô notre maître, tu ne m’as encore accordé aucune faveur. » « Comment ! répondit-il, pour toi j’ai fait venir une mule magnifique, tu la monteras et tu viendras avec nous. Quant à ces femmes, il faut qu’elles meurent toutes ! »

Elle lui dit alors : « Ô notre maître, je te demande en grâce et te conjure de m’autoriser à te poser une condition que tu accepteras. » Le roi lui fit le serment qu’il l’accomplirait. Elle lui dit alors : « Je te demande, pour dot, le pardon de toutes ces femmes et de toutes ces vierges. Leur mort jetterait, d’ailleurs, toute la ville dans la plus épouvantable consternation. »

Le roi dit : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu l’élevé, le miséricordieux ! » Puis il fit sortir tous les nègres et leur fit trancher la tête. Il ne