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« Dieu est grand ! il n’a pas desséché ta main. Ô quel chaouch ! Que Dieu t’accorde sa bénédiction ! »

Lorsque les nègres virent cela, ils ne proférèrent plus un mot, et le roi, maître alors de leur vie, dit : « Celui qui lèvera la main, aura la tête tranchée. » Puis il ordonna d’attacher les cinq qui restaient, en leur liant fortement les mains derrière le dos.

Cette précaution prise, il s’adressa à Beder el Bedour et lui demanda : « De qui es tu femme et quel est ce nègre ? » Elle lui apprit à ce sujet, ce que lui avait déjà dit Omar ben Isad. Le roi la remercia par la formule : « Que Dieu te bénisse ! » puis il demanda : « Combien de temps une femme peut-elle patienter en attendant le coït ? » Elle resta interdite, mais le roi lui dit : « Parle, n’aie pas honte. »

Elle lui répondit alors : « La femme noble, d’origine distinguée, peut rester privée du coït pendant six mois ; mais, quant à la femme qui n’a ni noblesse ni race, ni origine, qui n’a point de respect pour elle-même, lorsqu’elle peut mettre la main sur un homme, celui-ci ne se lève plus de dessus sa poitrine, son ventre et son membre ne quittent plus sa vulve. »

Le roi lui dit ensuite, en montrant une des femmes : « Quelle est celle-ci ? » Elle répondit : « C’est la femme du Cadi. » Le roi dit : « et celle-là ? » Elle répondit : « C’est celle du deuxième vizir. » Le roi dit : « et celle-là ? » « C’est celle du chef des muftis. » Le roi dit : « et celle-là ? » « Celle de l’officier du trésor. » Le roi dit : « et ces femmes qui sont dans l’autre chambre ? » Elle répondit : « Ces femmes ont reçu ici l’hospitalité, et l’une d’elles a été amenée hier par une vieille femme ; le nègre ne l’a pas encore possédée jusqu’à présent. »

Omar dit alors : « C’est celle dont je