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membre de l’homme ;
« Car, en lui réside votre vie, en lui aussi est votre mort ;
« Il est le but de vos désirs soit secrets, soit avoués.
« Si la colère vous anime contre vos maris,
« ils vous apaisent par l’introduction de leur membre, cela est connu de tous.
« Votre religion, c’est votre vulve, et le membre viril est votre âme.
« Tel tu trouveras toujours le naturel de la femme. »

Après ces paroles, le nègre se précipita sur la femme, mais celle-ci le repoussa.

Dans ce moment, le cœur du roi se serra ; il tira son sabre, ainsi que ses compagnons, et ils entrèrent dans la salle ; les nègres et les femmes ne virent plus alors que des sabres suspendus sur leurs têtes.

Un des nègres se leva et s’élança sur le roi et sur ses compagnons, mais le chaouch le frappa et, d’un seul coup, détacha la tête du tronc. Le roi cria : « Que Dieu te bénisse ! ton bras n’est pas desséché et ta mère n’a pas mis au monde un pusillanime. Tu as terrassé tes ennemis et tu auras le paradis pour habitation et pour demeure. »

Un autre nègre se leva alors et frappa le chaouch avec un flambeau d’or : le coup brisa le sabre du chaouch et le rompit en deux morceaux. Cette arme était de toute beauté ; aussi, à la vue de l’état dans lequel elle avait été mise, le chaouch entra-t-il dans la plus violente colère : il saisit le nègre par les bras, l’enleva et lui brisa les os en le lançant contre le mur. Le roi s’écria