Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 54 —
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

« Mais, ensuite tu deviens pour elle un véritable ennemi,
« Et cela n’est susceptible ni de doute, ni d’incertitude.
« La femme reçoit l’esclave dans la couche du maître,
« et ses serviteurs se rassasient d’elle sans pudeur.
« Certes, ce n’est pas qu’une pareille conduite soit louable,
« mais la vertu, chez les femmes, est fragile et changeante ;
« l’homme, ainsi trompé par la femme perd toute estime aux yeux de ses contemporains.
« C’est pourquoi, si tu es véritablement un homme de cœur, tu ne mettras pas un seul jour ta confiance dans la femme. »

Le vizir se mit à pleurer à ces paroles, mais le roi lui fit signe de se taire. Il se tut, et le nègre récita les vers suivants, en réponse à ceux de la femme :

« Nous autres nègres, nous sommes rassasiés des femmes ;
« Nous ne craignons pas leurs détours rusés, quelque subtils qu’ils soient :
« Les hommes ont confiance en nous au sujet de ce qu’ils chérissent[1] ;
« Il n’y a pas de mensonge à le dire, c’est l’exacte vérité.
« Ô vous, toutes les femmes, c’est un point certain, vous ne pouvez patienter quand il s’agit du

  1. (49) Ce vers fait allusion aux nègres, qui sont considérés comme domestiques d’une classe tout à fait inférieure, et qu’on laisse pénétrer auprès des femmes comme n’inspirant aucune défiance.