« Mais, ensuite tu deviens pour elle un véritable ennemi,
« Et cela n’est susceptible ni de doute, ni d’incertitude.
« La femme reçoit l’esclave dans la couche du maître,
« et ses serviteurs se rassasient d’elle sans pudeur.
« Certes, ce n’est pas qu’une pareille conduite soit louable,
« mais la vertu, chez les femmes, est fragile et changeante ;
« l’homme, ainsi trompé par la femme perd toute estime aux yeux de ses contemporains.
« C’est pourquoi, si tu es véritablement un homme de cœur, tu ne mettras pas un seul jour ta confiance dans la femme. »
Le vizir se mit à pleurer à ces paroles, mais le roi lui fit signe de se taire. Il se tut, et le nègre récita les vers suivants, en réponse à ceux de la femme :
« Nous autres nègres, nous sommes rassasiés des femmes ;
« Nous ne craignons pas leurs détours rusés, quelque subtils qu’ils soient :
« Les hommes ont confiance en nous au sujet de ce qu’ils chérissent[1] ;
« Il n’y a pas de mensonge à le dire, c’est l’exacte vérité.
« Ô vous, toutes les femmes, c’est un point certain, vous ne pouvez patienter quand il s’agit du
- ↑ (49) Ce vers fait allusion aux nègres, qui sont considérés comme domestiques d’une classe tout à fait inférieure, et qu’on laisse pénétrer auprès des femmes comme n’inspirant aucune défiance.