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« Car, par Dieu ! tu ne le retireras pas de moi, laisse-le !
« Ce jour se terminera ainsi pur de tout chagrin. »
« Il a conjuré le Dieu tout Puissant pour obtenir de ne pas se lasser de moi pendant soixante dix nuits,
« et il a accompli ce qu’il voulait
« en fait de baisers et d’étreintes pendant toutes ces nuits. »

Lorsqu’elle eut fini ces vers, le roi tout surpris dit : « Combien Dieu a rendu cette femme lascive ! » Se tournant ensuite vers ses compagnons, il ajouta : « Il n’est pas douteux que cette femme n’a pas de mari et n’a pas été débauchée, car, assurément ce nègre en est très amoureux, et cependant elle l’a repoussé. »

Omar ben Isad prit la parole : « C’est la vérité, ô roi ! Son mari est, en effet, absent depuis près d’un an et beaucoup de gens ont cherché à la débaucher, mais elle a résisté. »

Le roi dit à ses compagnons : « Quel est son mari ? » Ils répondirent : « Elle est la femme du fils du vizir de ton père. »

Le roi répliqua : « Vous dites vrai, j’ai en effet entendu dire que le fils du vizir de mon père avait une femme sans défaut, douée de beauté et de perfection, et d’une taille exquise, ne commettant point l’adultère et ne connaissant pas la débauche. » « Cette femme est celle-ci » lui répondirent ses compagnons.

Le roi reprit : « N’importe comment, il me la faut ! » Puis se tournant vers Omar, il ajouta : « Où est ta maîtresse parmi ces femmes ? » Omar répondit : « Je ne la vois point, ô roi » à quoi il fut répondu :