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vêtements qu’elle avait quittés, s’en revêtit et sous eux il cacha son sabre. Il se couvrit ensuite la figure d’un voile de soie rouge. Ainsi habillé, on n’aurait pu le distinguer des autres femmes. Puis, il ouvrit la porte, sortit tout doucement et alla se placer derrière la portière du salon. Il ne vit que ceux qui y étaient assis ; les autres dormaient.

Le roi fit intérieurement l’invocation suivante : « Ô mon esprit, fais-moi suivre la bonne route, et que je me trouve au milieu de ces gens étourdis par l’ivresse de manière qu’ils ne distinguent pas le roi de ses sujets, et que Dieu fasse ma force ! »

Puis il entra dans le salon en disant : « Au nom de Dieu !» et il se dirigea vers le lit du nègre en simulant l’ivresse. Les nègres et les femmes pensaient qu’il était la femme dont il avait pris les vêtements.

Dorerame était très désireux de jouir de cette femme et, lorsqu’il la vit s’asseoir près du lit, il fit la réflexion qu’elle n’aurait pas interrompu son sommeil pour venir le trouver, si ce n’est pour coïter. Il lui dit alors : « Ô une telle, ôte tes vêtements, entre dans mon lit ; je vais revenir. »

Le roi dit en lui-même : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu le très élevé et le très miséricordieux ! Omar a été sincère dans ce qu’il m’a dit. » Puis il se mit à chercher les clefs dans les vêtements et dans les poches du nègre, mais il ne trouvait rien. Il dit : « Que la volonté de Dieu soit faite ! » Puis, levant les yeux, il aperçut une fenêtre élevée, il y étendit les bras et y trouva des vêtements dorés ; il glissa ses mains dans les poches et, ô surprise ! il y trouva les clefs. Il les examina et en compta sept, d’après le nombre des portes de la maison, et, dans sa joie, il s’écria : « Que Dieu soit loué et glorifié ! » Il dit ensuite :