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miséricorde de Dieu et le salut soient en lui !

Il arriva alors à la portière qui était devant l’entrée : elle était de brocart rouge. De là il examina la chambre, qui étincelait de lumières et était remplie de lustres nombreux et de bougies brûlant dans des flambeaux d’or. Au milieu de ce salon bouillonnait un jet d’eau de musc. Une nappe s’étendait d’un bout à l’autre[1] et était couverte de mets et de fruits divers.

Le salon était garni de meubles dorés dont l’éclat fatiguait les yeux, en les éblouissant. Enfin, on ne voyait partout qu’ornements de toutes sortes.

Cependant, le roi examinait attentivement et constatait qu’autour de cette nappe se trouvaient douze vierges et sept femmes, toutes comme des lunes : il s’émerveillait de leur beauté et de leurs grâces. Il vit aussi avec elles sept nègres, et la vue de tout cela le plongeait dans l’étonnement. Son attention fut surtout attirée par une femme semblable à la pleine lune, d’une beauté parfaite, avec des yeux noirs, des joues ovales et une taille flexible et gracieuse : elle rendait humble le cœur de ceux qui s’éprenaient d’elle.

Le roi, stupéfait de sa beauté, resta tout interdit à sa vue.

Il se dit ensuite intérieurement : « Comment sortir de ce lieu ? Ô mon esprit, ne t’abandonne pas à l’amour. »

En continuant l’inspection du salon, il aperçut entre les mains de ceux qui s’y trouvaient des

  1. (43) Les Arabes mangeant couchés sur des tapis et des coussins, ne se servent point de tables, mais d’une nappe en cuir ou en étoffe que l’on étend par terre pour y mettre les plats. Cette nappe se nomme sefra.