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n’y a plus de justice ici-bas ! Personne ne prévient donc le roi de ce qui se passe dans ses états ? Raconte-moi ce qui t’est arrivé. »

« Je ne raconterai cela qu’à celui qui pourra me venger et me délivrer de l’oppression et de la honte, s’il plaît à Dieu très élevé ! »

Le roi lui dit : « Que Dieu me mette à ta disposition pour ta vengeance et pour te délivrer de l’oppression et de la honte ! »

« Ce que j’ai à vous raconter, dit l’homme, est merveilleux et surprenant. J’aimais une femme qui m’aimait également, et nous étions unis par l’amour. Ces relations duraient depuis longtemps, lorsqu’une vieille femme entraîna ma maîtresse au mal et l’emmena dans une maison de malheur, de réprobation et de débauche. Le sommeil a alors fui ma couche, j’ai perdu tout bonheur et je suis tombé dans le comble de l’infortune ! »

Le roi lui dit : « Quelle est cette maison de malheur, et chez qui est cette femme ? »

L’homme lui répondit : « Elle est chez un nègre nommé Dorerame, qui a chez lui des femmes belles comme la lune, dont les pareilles n’existent pas chez le roi. Il a une maîtresse qui lui porte un très grand amour, qui lui est toute dévouée et qui lui envoie tout ce dont il a besoin en fait d’argent, de boissons et de vêtements. »

Puis l’homme se tut. Le roi était très surpris de ce qu’il venait d’entendre, mais le vizir, auquel rien n’avait échappé de la conversation, avait certainement reconnu, par les paroles de cet homme, que le nègre n’était autre que le sien.

Le roi pria l’homme de lui indiquer la