Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

Bahloul examinait le ventre d’Hamdouna, arrondi comme une coupole élégante ; il arrêtait ses regards sur un nombril semblable à une perle au milieu d’une coupe d’or et, lorsqu’il descendit plus bas, il vit une création magnifique, et il s’émerveilla de la nudité de ses cuisses blanches et bien faites.

Il embrassa alors Hamdouna d’une étreinte passionnée et vit bientôt l’animation disparaître de son visage : elle semblait perdre toute connaissance. Elle n’avait plus la tête à elle, elle tenait le membre de Bahloul dans ses mains, elle l’excitait et lui faisait darder des feux.

Bahloul lui dit : « Pourquoi te vois-je ainsi troublée et hors de toi ? » Elle lui répondit : « Laisse-moi, ô fils de la débauchée. Par Dieu ! je suis comme la jument en chaleur, et tu continues à m’exciter encore par tes paroles. Et quelles paroles ! elles mettraient toute femme hors d’elle-même, lors même qu’elle serait la plus pure créature du monde. Tu veux donc me faire succomber par tes discours et par tes vers ! »

Bahloul lui répondit : « Ne suis-je donc pas comme ton mari ? » « Si, dit-elle, mais la femme entre en chaleur à cause de l’homme, comme la jument à cause du cheval, que ce soit son mari ou un autre, avec cette différence toutefois que, dans l’espèce chevaline, la jument n’est mise en chaleur par le cheval qu’à certaines époques de l’année et que ce n’est qu’alors qu’elle accepte l’étalon. La femme, au contraire, en tout temps peut être mise en chaleur par des paroles d’amour[1]. Ces

  1. (34) Rabelais dit au sujet des femmes qui, contrairement aux lois de la nature, continuent à recevoir les caresses du mâle alors qu’elles ont conçu « Et, si personne les blasme de soy faire rataconniculer ainsi sus leur groisse, veu que les bestes sus leurs ventrées, n’endurent iamais le masle masculant, elles