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« Il m’accable d’amour, et aujourd’hui je suis dans l’infortune. »

Lorsqu’Hamdouna eut entendu ces paroles, elle se pâma et se mit à examiner le membre de Bahloul, qui était en érection entre ses cuisses comme une colonne. Tantôt elle se disait : « Je me donnerai à lui. » Tantôt elle se disait : « Je ne lui céderai pas. » Pendant cette incertitude, la jouissance se fit pressentir entre ses cuisses, et Eblis fit couler entre ses parties naturelles la liqueur avant-coureur du plaisir[1]. Elle ne résista plus alors au désir du coït, et se rassura en se disant intérieurement : « Si ce Bahloul, après avoir joui de moi, vient à le divulguer, personne n’ajoutera foi à ses paroles. »

Elle le pria alors d’ôter sa robe et d’entrer dans le cabinet, mais Bahloul lui répondit : « Je ne m’en dépouillerai que lorsque j’aurai assouvi mon désir, ô prunelle de mes yeux ! »

Hamdouna se leva alors, tremblante du résultat qu’allait avoir le tressaillement de plaisir qu’elle éprouvait ; elle dénoua sa ceinture et sortit de la chambre. Bahloul la suivit, se disant : « Suis-je bien éveillé, ou est-ce un songe ? » Il continua à marcher derrière elle jusqu’à ce qu’elle fut arrivée dans son cabinet de toilette. Elle se jeta alors sur un lit de soie, dont le dessus était comme une voûte élevée, puis elle leva ses robes sur ses cuisses en tremblant de toutes ses forces, et tout ce que Dieu lui avait donné de beauté se trouva dans les bras de Bahloul.

  1. (33) Mot à mot : « Eblis fit découler d’elle le coulement de la matière gluante (djera Eblis menha medjera el dem) », idiotisme employé en arabe pour exprimer qu’une femme entre en chaleur (ses parties sexuelles devenant humides).

    Eblis est un ange rebelle qui refusa de s’incliner devant Adam lorsque Dieu le lui ordonna. Eblis se prend aussi quelquefois dans le sens général de diable, Satan, démon.