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crainte et sans remords.
« Réfléchis, prononce-toi et n’augmente pas ma douleur.
« Mais, au nom de Dieu ! pardonne-moi et ne m’accable pas de reproches.
« Puisque je suis devant toi, que tes paroles soient des paroles de clémence et de pardon,
« Ne les laisse pas tomber sur moi tranchantes comme le glaive de la vengeance.
« Laisse-moi venir à toi, ne me repousse pas !
« Que je sois, pour toi, comme celui qui a approché des lèvres du malade le breuvage de la santé !
« Hâte-toi, que je plonge mes regards avides dans tes seins !
« Ne sois pas avare avec moi des jouissances du coït, lève-toi sans honte.
« Abandonne-toi à moi, parce que jamais je ne te donnerai un chagrin,
« Quand même tu me couvrirais de mal depuis la tête jusqu’aux pieds.
« Je resterai toujours ce que je suis, et toi ce que tu es.
« Je n’oublierai jamais que nous sommes les serviteurs et vous les maîtres, ô filles des généreux.
« Comment sera dévoilé notre amour ? Il sera à jamais caché,
« Parce qu’en fait de secret je suis muselé et muet.
« C’est par la volonté de Dieu que tout cela m’arrive ;