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dans la circonstance présente.

Bahloul se mit à converser avec elle. Tantôt il la regardait, et tantôt il baissait les yeux vers la terre, craignant de ne pouvoir commander à sa passion. Quand à Hamdouna, elle brûlait du désir d’avoir la robe, et lui ne voulait pas la céder sans en avoir reçu le prix. Elle lui demanda : « Quel est ce prix que tu exiges ? » à quoi il répondit : « Le coït, ô prunelle de mes yeux ! » « Tu connais cela, ô Bahloul ? » lui dit-elle. « Par Dieu ! s’écria-t-il, personne ne connaît les femmes mieux que moi : c’est l’occupation de ma vie. Personne n’a étudié ce qui les concerne autant que moi. Je sais ce qu’elles aiment ; car, apprends, ô ma maîtresse, que les hommes, dans ce monde, s’adonnent à diverses occupations, en raison de leur esprit et de leurs idées. Celui-ci prend, celui-là donne ; celui-ci vend, celui-là achète. Pour moi seul, toutes ces choses sont sans attrait. Ma seule pensée, c’est l’amour et la possession des belles femmes. Je guéris celles qui ont des maladies d’amour et j’apporte un soulagement à leurs vulves avides. »

Hamdouna s’étonnait des paroles de Bahloul et de la douceur de son langage. Elle lui dit : « Pourrais-tu me réciter quelques vers à ce sujet ? » Il lui répondit : « Certainement. » « Eh bien ! dit-elle, ô Bahloul, fais-nous entendre ce que tu as à nous dire. »

Bahloul récita les vers suivants :

« Les hommes sont divisés suivant leurs affaires et leurs occupations :
« Les uns sont dans les délices du monde et dans le bonheur, les autres sont dans les larmes.