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côté et le vit. Elle dit à sa négresse : « Par le Dieu du temple de La Mecque ! Voilà Bahloul revêtu d’une belle robe dorée. De quel stratagème pourrais-je bien me servir pour me la procurer ? »

La négresse lui dit : « Ô ma maîtresse, cette robe, tu ne saurais la prendre. »

Hamdouna lui répondit : « J’ai imaginé une ruse à ce sujet, et je lui soustrairai la robe. »

« Bahloul est un homme rusé », reprit la négresse. « On croit généralement se moquer de lui, et, par Dieu ! c’est lui qui se moque des autres. Abandonne ton dessein, ô ma maîtresse, et crains qu’il ne te fasse tomber dans le piège que tu veux lui tendre. »

Mais Hamdouna répliqua : « Il faut que cela se fasse ! » Puis elle envoya sa négresse vers Bahloul pour lui dire qu’il eut à venir à elle. Celui-ci dit : « Par la bénédiction de Dieu ! celui qui t’appelle, réponds-lui, et il se présenta devant Hamdouna[1].

Hamdouna le salua et lui dit : « Ô Bahloul, je crois que tu es venu ici pour m’entendre chanter. » Il répondit : « Assurément, ô ma maîtresse. » Or elle avait un talent merveilleux pour le chant. Puis elle ajouta : « Je crois aussi qu’après avoir entendu mes chants, tu consentiras bien à prendre quelque nourriture. » « Oui » répondit-il.

Elle se mit alors à chanter d’une manière admirable, et tous ceux qui l’auraient entendue

  1. (32) « Celui qui t’appelle, réponds-lui ! » Cette phrase sentencieuse est extraite des Hadits, ou traditions laissées par Mohammed. Elle est quelquefois employée dans la conversation dans le même sens que dans l’ouvrage, mais sa véritable signification est mystique. Les mots « par la bénédiction de Dieu ! » qui se trouvent à la tête de cette sentence, sont une formule d’acceptation, de consentement.