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« Par suite de mon ignorance, j’ai épousé deux femmes.
« Et de quoi te plains-tu, ô mari de deux femmes ?
« Je me disais : je serai entre elles deux comme un agneau favorisé.
« Je prendrai mes ébats sur les mamelles de mes deux brebis.
« Et je suis devenu comme une brebis souffrant nuit et jour entre deux louves[nde 1] acharnées.
« Les jours succèdent aux jours, et les nuits aux nuits,
« Et leur joug m’oppresse également pendant les jours et pendant les nuits.
« Si je suis aimable avec l’une, l’autre s’emporte.
« Et ainsi, je ne puis échapper à ces deux furies.
« Si tu veux vivre en homme généreux, le cœur libre et les mains ouvertes, reste célibataire ;
« Si tu ne le peux, ne prends qu’une femme, car une femme à elle seule peut satisfaire deux armées. »

Lorsque Mamoun entendit ces paroles, il se prit à rire au point de se renverser en arrière. Puis, voulant donner à Bahloul une preuve de sa bonté, il lui fit présent de sa robe dorée, le plus beau des vêtements.

Bahloul partit, l’esprit joyeux, se dirigeant du côté de la demeure du grand vizir. Or, il arriva que Hamdouna[1], du haut de son palais, tourna ses regards de son

  1. (a) Note de l’éditeur. Le texte dit : « deux femelles de chacal. »
  1. (31) Hamdouna vient de la racine Arabe hamd, qui signifie louer ; d’où vient Ahmed, le plus digne d’éloges. C’est de cette même racine que vient aussi le nom de Mohammed, dont on a fait Mahomet.