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et comment te comportes-tu avec ta nouvelle et ton ancienne femme ? ». Car Bahloul, ne se contentant pas de sa première femme, en avait épousé une seconde.

« Je ne suis heureux, ô notre maître, dit-il, ni avec l’ancienne, ni avec la nouvelle ; en outre, la pauvreté m’accable. »

Le roi lui dit : « Peux-tu me réciter quelques vers à ce sujet ? »

Le bouffon lui ayant répondu affirmativement, Mamoun lui ordonna de réciter ce qu’il savait, et Bahloul commença ainsi avec la parole de la poésie :

« La pauvreté m’enchaîne, la misère me tourmente : ce fléau m’a atteint avec tous les malheurs, il m’a jeté dans le trouble et dans le péril et m’a attiré le mépris des hommes. Dieu ne bénira pas une pauvreté pareille à la mienne, c’est certainement une cause d’opprobre aux yeux de tous.

« Si se prolongent l’infortuné et la misère qui m’étreignent, il ne peut y avoir de doute, mon habitation deviendra vide de moi. »

Mamoun lui dit : « Où iras-tu ? »

Il répondit : « Vers Dieu et son Prophète, ô prince des croyants. »

« C’est bien ! » reprit le roi. Celui qui se réfugie vers Dieu et vers son Prophète, et ensuite vers nous, nous l’accueillons. Mais, peux-tu me dire encore quelques vers au sujet de tes deux épouses, et sur ce qui t’est arrivé avec elles. »

« Assurément », dit Bahloul.

« Eh bien ! fais-nous entendre ce que tu sais », dit le roi.

Bahloul commença alors ainsi, avec la parole de la poésie :