Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— X —

nous l’avait confié notre traducteur. En pareille matière c’est toujours un crime de retrancher et toute idée de sélection devrait être repoussée. Nous avons estimé, avec le proverbe italien « traduttore traditore » qu’un ouvrage est suffisamment dénaturé déjà quand on le fait passer de sa langue dans une autre et nous espérons avoir, sur ce point, l’approbation de tous. Ces bizarreries sont, d’ailleurs, d’un enseignement utile. Elles font connaître sous une face particulière les mœurs et le caractère de l’arabe, et non seulement de l’arabe contemporain de notre auteur, mais encore de celui de nos jours. Ce dernier, en effet, n’est en réalité guère plus avancé que son ancêtre. Ce sont encore maintenant, malgré notre contact qui devient chaque jour plus immédiat, nous dirons même pressant, tant en Tunisie qu’au Maroc, en Égypte et dans les autres pays musulmans, les mêmes préceptes de médecine, les mêmes croyances dans la divination, le même ramassis d’idées saugrenues dans lesquelles le sortilège et l’amulette jouent un rôle considérable et qui, pour nous, ne prêtent qu’à rire. On peut aussi constater dans les passages qui nous occupent, que ce peuple n’est pas resté aussi étranger qu’on pourrait le croire aux jeux de l’esprit, car le calembour occupe une place importante dans les explications des songes dont l’auteur a parsemé les chapitres des organes sexuels, on ne sait à quel propos, du reste, mais sans doute pour qu’aucun genre d’intérêt ne fît défaut à son œuvre.

Le lecteur trouvera peut-être aussi que la vraisemblance a été fréquemment sacrifiée à l’imagination. C’est là un des signes distinctifs de la littérature arabe et notre ouvrage ne pouvait être exempt du défaut inhérent au génie de ce peuple qui brille par son amour du merveilleux et qui compte parmi ses principales productions littéraires les Mille et une nuits. Mais si les contes font appa-