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les sujets variés que comporte la matière.

Cette découverte d’un texte aussi complet n’autorise-t-elle pas à admettre l’existence de deux ouvrages, l’un élémentaire, l’autre savant ? et ne serait-ce pas par un reste de pudeur que l’auteur a réservé pour le vingt-et-unième chapitre, sans les avoir indiqués au début, les sujets scabreux que nous ne trouvons exposés que là ?

Poser la question de cette façon c’est en même temps la résoudre par l’affirmative. Cet interminable chapitre ne saurait être le résultat d’interpolations. C’est un travail trop long et trop sérieux pour que cela soit admissible. Le peu que nous en avons pu voir nous semble porter en soi un parfum d’originalité trop prononcé et être composé avec trop de méthode pour n’être pas l’œuvre du maître, et de lui seul.

On pourra s’étonner peut-être que ce texte soit si peu répandu. La réponse à cette objection est bien simple. Comme le dit judicieusement le traducteur dans sa notice, les questions que nous trouvons traitées au vingt-et-unième chapitre, sont de nature à effaroucher extérieurement beaucoup de gens. Or, tel arabe qui professe en secret un culte pour la pédérastie affecte des dehors rigides et austères, tandis qu’on le voit discuter sans contrainte dans sa conversation tous les sujets qui se rapportent à l’acte naturel. On conçoit aisément, d’après cela, qu’il ne doit pas faire montre d’un pareil livre qui compromettrait sa réputation aux yeux de ses coreligionnaires, alors qu’il n’éprouve aucun embarras à exhiber celui qui ne s’occupe que du coït. Une autre considération, d’ailleurs, suffit à expliquer d’une façon complète la rareté de l’ouvrage : son étendue lui donne une grande valeur et le manuscrit, en raison du prix qu’il atteint ne peut être à la portée de toutes les bourses.