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compensation à ces défauts, de donner, au lieu de froides et sèches explications, des tableaux dans beaucoup de cas charmants, ne manquant parfois ni de poésie, ni d’originalité, ni de talent de description, ni même d’une certaine élévation de pensées, et portant un cachet oriental dont la délicatesse ne saurait être nié. Nous pouvons citer comme exemple le Chapitre des baisers qui ne se trouve ni dans notre traduction, ni dans aucun autre des deux autres textes que nous avons compulsés, et dont nous lui avons fait l’emprunt.

En notre qualité de Gaulois nous ne saurions nous plaindre des gravelures qui y sont semées comme à dessein pour exciter la grosse gaîté, mais ce que nous devons regretter, ce sont les longueurs fatigantes, les pages entières de remplissage qui déparent l’ouvrage et sont comme le revers de la médaille. L’auteur lui-même l’a senti, puisqu’en terminant son ouvrage il prie le lecteur de le lui pardonner en considération de la bonne intention qui a guidé sa plume. En présence des qualités de premier ordre qu’on était obligé de lui reconnaître nous eussions préféré ne pas y rencontrer de défectuosité, nous eussions aimé, en un mot, à lui trouver un caractère plus homogène et plus sérieux, surtout si on considère que la circonstance que nous relevons est de nature à faire naître des doutes sur la véritable origine des choses nouvelles qui y ont été découvertes et qui pourraient facilement passer pour des interpolations dues à la fantaisie d’un ou plusieurs copistes par les mains desquels l’ouvrage a passé avant de nous arriver.

Chacun connaît, en effet, les graves inconvénients qu’offrent les manuscrits et les services qu’a rendu l’imprimerie à la science et à la littérature en les détrônant. Aucune copie ne sort complète et parfaite des mains de l’écrivain, surtout de l’écrivain arabe moins scrupuleux que tout autre. Celui-ci non seulement y sème involontai-