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C’est à cette histoire que font allusion les vers que j’ai cités[nde 1]. Je l’ai racontée parce qu’elle témoigne de l’efficacité des mets et des remèdes dont j’ai recommandé l’emploi pour rendre vigoureux dans le coït, et dont tous les gens instruits s’accordent à reconnaître les effets salutaires.

Il est encore d’autres boissons dont l’usage est excellent. Je signalerai la suivante. On mélange une mesure de jus exprimé de l’oignon pilé, avec deux mesures de miel débarrassé de son écume. On les fait chauffer sur un feu doux jusqu’à ce que le jus d’oignon ait disparu et que le miel reste seul. On retire du feu ce résidu qu’on laisse refroidir et qu’on conserve pour s’en servir au moment voulu. On en mélange alors un aoukia[nde 2] avec trois aouak d’eau, et on y met macérer des pois-chiches pendant un jour et une nuit.

Cette boisson s’absorbe pendant l’hiver et le soir, au moment de se coucher. Elle ne doit être prise qu’en petite quantité et pendant un jour seulement. Le membre de celui qui en boit ainsi ne lui laisse aucun repos pendant la nuit qui suit l’absorption. Quant à celui qui en prend plusieurs jours de suite, son membre ne cesse pas d’être dressé et raide, et ses érections ne lui laissent aucun repos. L’homme d’un tempérament ardent ne doit pas en faire usage parce qu’elle aurait l’inconvénient de lui donner la fièvre. On ne doit pas non plus suivre ce régime pendant trois jours de suite, à moins d’être vieux ou d’un tempérament froid. Enfin on ne doit pas en user pendant l’été.

  1. (l’’) Note de l’éditeur. Il est à remarquer que certains détails donnés dans les vers ne sont pas d’une concordance parfaite avec ceux de l’histoire qui leur correspondent.
  2. (m’’) Note de l’éditeur. Aoukia اوقية vient du grec ουγγιά, once. Sa valeur a différé suivant les pays et les époques. En pharmacopée elle est de douze drachmes.