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dans tous les sens. Il leur parut être la merveille des merveilles. L’ameublement en était magnifique. Ce n’était partout que lits et coussins de toutes sortes, riches candélabres, lustres splendides, tapis somptueux et tables couvertes de mets, de fruits et de boissons.

Lorsqu’ils eurent admiré toutes ces richesses, ils passèrent à l’examen des chambres, qu’ils comptèrent. Elles étaient en grand nombre et, dans la dernière, une porte dérobée, très petite, qui était fermée à clef, attira leur attention. Abou el Heïloukh dit : « Il est fort probable que c’est là la porte par laquelle on communique avec le palais. Viens, ô mon frère ; nous allons attendre les événements dans une de ces chambres. Ils s’établirent donc dans un cabinet d’un accès difficile, élevé et d’où on pouvait voir sans être vu.

Ils attendirent là jusqu’à la tombée de la nuit. À ce moment la porte dérobée s’ouvrit pour donner passage à une négresse qui portait un flambeau et qui alluma tous les lustres et les candélabres, arrangea les lits, disposa les couverts, garnit les tables de toutes espèces de mets, aligna les coupes, avança les bouteilles et enfin parfuma l’air des odeurs les plus suaves.

Peu après parurent les vierges. Leur démarche respirait à la fois l’innocence et la langueur. Elles s’assirent sur les divans et la négresse leur présenta la nourriture et la boisson : elles mangèrent, burent et chantèrent d’une voix mélodieuse.

Lorsqu’ils les virent étourdies par le vin, les quatre hommes sortirent de leur cachette, ayant le sabre à la main et le brandissant sur la tête des vierges. Ils avaient eu préalablement le soin de se voiler la figure avec la partie supérieure de leur haïk.

« Quels sont, s’écria Zohra, ces