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l’erreur, et cela lors même que tu aurais trouvé un moyen de communiquer avec elle par des intermédiaires. » « Et pourquoi donc ? », dit Abou el Heïdja. « Parce que, lui répondit son ami, Zohra, d’après ce que je vois, recherche l’affection des jeunes filles, ce qui tend à prouver qu’elle ne doit avoir aucun penchant pour les hommes, ni être sensible à leur amour[1]

« Ô Abou el Heïloukh, dit Abou el Heïdja, je connais la sûreté de ton jugement et c’est pour cela que je t’ai envoyé chercher. Tu n’ignores pas que je n’ai jamais hésité à suivre tes avis et tes conseils ! » « Ô mon frère, repartit le fils du vizir, si Dieu très élevé ne t’avait mis sur la voie de l’entrée de ce palais souterrain, tu n’aurais jamais pu arriver à Zohra. Mais par ici, s’il plaît à Dieu ! nous pourrons nous ouvrir un passage. »

Le lendemain, dès que brilla l’aurore, ils ordonnèrent à leurs serviteurs de faire une brèche à cet endroit, et ils parvinrent à faire disparaître tout ce qui faisait obstacle au passage. Cela fait, ils cachèrent leurs chevaux dans une autre caverne à l’abri des bêtes féroces et des voleurs ; puis tous les quatre, Abou el Heïloukh et son serviteur, Abou el Heïdja et son serviteur, entrèrent dans la caverne et pénétrèrent dans le palais, chacun étant porteur de son sabre et de son bouclier. Puis ils refermèrent la brèche et la mirent dans l’état où elle était auparavant.

Ils se trouvèrent alors dans l’obscurité, mais Abou el Heïloukh, ayant battu le briquet, alluma une des bougies, et ils se mirent à parcourir le palais

  1. (166) Consulter à ce propos la note 121, relative au penchant honteux que les femmes ont quelquefois les unes pour les autres. Voir aussi le Chapitre VII à la note (n) relative aux tribades مساحقات.

    121 Il n’est pas douteux que l’auteur ait voulu désigner ici par crête la partie des organes sexuels de la femme nommée Clitoris, d’un mot grec, κλειτορισειν, qui veut dire chatouiller, titiller. Le clitoris est le siège de la volupté, il s’allonge et se durcit par le chatouillement.

    (n) Note de l’éditeur. L’auteur se sert ici de l’expression Mousahakate.