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n’omettant pas de relater les circonstances dans lesquelles il avait trouvé asile dans cette grotte souterraine et les choses merveilleuses dont il avait été témoin lorsqu’il s’y était enfoncé. Abou el Heïloukh ne revenait pas de sa surprise.

Dès que la nuit fut venue ils entendirent des chants, des rires bruyants et des conversations animées. Abou el Heïdja dit à son ami : « Pénètre jusqu’au fond du souterrain et vois. Tu excuseras alors l’amour de ton frère. » Abou el Heïloukh, s’étant glissé à la partie inférieure de la grotte, jeta ses regards dans l’intérieur du palais et resta en effet émerveillé à la vue de ces vierges et de leurs attraits. « Ô frère, dit-il, laquelle est Zohra parmi ces femmes ? »

Abou el Heïdja lui répondit : « C’est celle qui a une tournure dont rien n’approche, dont le sourire est irrésistible, qui a des joues roses et un front éclatant de blancheur, qui a la tête ceinte d’une couronne de perles, dont les vêtements sont étincelants d’or. Elle est assise sur un trône incrusté de pierreries et constellé de clous d’argent et sa bouche repose appuyée sur sa main. »

« Je l’ai remarqué entre toutes, dit Abou el Heïloukh, comme si c’eût été un étendard ou un flambeau éclatant. Mais, ô mon frère, je dois appeler ton attention sur une chose qui ne t’a pas frappé. » « Laquelle ? » dit Abou el Heïdja. « C’est que, reprit son ami, bien certainement, ô mon frère, la licence règne dans ce palais. Remarque, en effet, qu’on n’y vient que la nuit et que c’est un endroit retiré. Il y a lieu de croire qu’il est exclusivement consacré aux festins, aux libations et à la débauche, et s’il t’était venu à l’idée qu’il te fût possible d’arriver à celle que tu aimes par une autre route que celle où nous sommes, tu serais tombé dans