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des amants ! c’est le sacrifice de la fortune et de la vie pour l’objet aimé !

Zohra. — Ces paroles sont imprégnées d’amour et ton sourire est séduisant ; mais tu agiras mieux en t’abstenant de pareils discours.

Le Cavalier. — Ta parole, à toi, est de l’émeraude, et tes conseils sont sincères ! Mais maintenant, l’amour a pris racine dans mon cœur et rien n’est capable de l’en arracher. Si tu m’éloignes de toi, certainement j’en mourrai !

Zohra. — Il faut pourtant que tu retournes vers ta demeure et moi vers la mienne. S’il plaît à Dieu nous nous reverrons[nde 1] !

Ils se séparèrent alors en se disant adieu et chacun d’eux retourna à sa demeure.

Le cavalier se nommait Abou el Heïdja ابو الهيجاء. Son père, qui portait le nom de Kheïroun خــيرون, était un négociant très considéré et immensément riche, dont l’habitation était isolée et située hors des états de la princesse, à une distance d’une journée entière de marche du château de celle-ci.

Abou el Heïdja, rentré chez lui ne put se résigner et, lorsque la nuit fut arrivée, il revêtit son temeur[1], prit un turban noir et ceignit son sabre sous son temeur. Puis, montant à cheval et prenant avec lui son nègre favori Mimoun, il partit secrètement à la faveur de l’obscurité.

Ils marchèrent toute la nuit

  1. (h’’) Note de l’éditeur. La plus grande partie de ce dialogue est en prose rimée.
  1. (164) Le Temeur est un vêtement de laine dont les Orientaux se servent pour se préserver du froid dans leurs voyages.

    Observation de l’éditeur. Ce sont généralement les vêtements usés qui sont employés à cet usage et qui sont appelés ainsi.